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Valls à la ramasse !

France 2 : comment Laurent Delahousse a détruit l'image de Valls, le grand communicant

Sur France 2, face à Laurent Delahousse, Manuel Valls est apparu hésitant, fragile et incertain. Qu'est-il arrivé à celui qui était réputé grand communicant, qui ne se rebelle même plus face aux questions qui devraient le fâcher ?

 

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"Le président vous a choisi pour que vous fassiez du Valls, et apparemment, on a plus l'impression que vous faites du Hollande". Il est plus de 20h45 quand ces quelques mots de Laurent Delahousse giflent Manuel Valls sur France 2. Le Premier ministre baisse les yeux, comme lassé. Il laisse même échapper un soupir, comme un aveu d'impuissance. Une interminable seconde s'écoule. Le chef du gouvernement cherche ses mots.

La télévision, média de l'émotion, accomplit son œuvre. L'espace d'un silence, on voit, on devine, on comprend que celui qui est entré à Matignon en mars dernier, tout pimpant et tout pompeux, n'est plus que l'ombre de sa volonté. Manuel Valls est sonné par la question de Delahousse. On le sent désemparé, impuissant. Dépassé. Huit mois qu'il s'efforce de se présenter comme celui qui dit ce qu'il fait, fait ce qu'il dit, et le voilà, d'un coup, ramené à ce qui est pour lui le pire, ce qu'il voulait éviter. "Vous ne faites pas du Valls, vous faites du Hollande".

Et la réponse, qui tombe enfin. Sans révolte. Sans combat. Sans vie. "Je suis Premier ministre dans un moment très particulier pour notre pays..." Et ce regard encore et toujours éteint. Et ce ton, si morne. Et cette énergie, envolée... Que reste-t-il de Manuel Valls ? une photo, vieille photo, de sa jeunesse, que reste-t-il des billets doux, des mois d'avril, des rendez-vous, un souvenir qui le poursuit sans cesse ...

Ici lien de la vidéo intégrale

De ce passage télévisé du Premier ministre, n'en déplaise aux exégètes divers et variés, il ne restera que cette image. Ce Manuel Valls affaibli, hésitant, mal à l'aise. Ce Manuel Valls emprunté et engoncé dans son costume sombre trop neuf. Ce Manuel Valls aux airs d'étudiant incertain confronté à un Grand O de tous les dangers. Ce Manuel Valls au regard anxieux. Ce Manuel Valls n'ayant pas tout révisé. Ce Manuel Valls qui craignait de tomber sur une impasse. Ce Manuel Valls redoutant d'être démasqué. Ce Manuel Valls accroché à des éléments de langage usés, fatigué et vieillis.

Tout le reste de l'interview fut à l'avenant. Laurent Delahousse, qui avait renoncé à la présentation du 20 h pour se concentrer sur la préparation de cet entretien, n'a laissé aucune chance à ce Premier ministre las. Si las. Trop las. Déjà las ?

Ce fut une dissection à vif.

Delahousse n'a rien épargné à Valls. Ni Hollande, le geôlier placide. Ni Montebourg, le procureur virevoltant. Ni Macron, le successeur évident. Ni Hidalgo, hostile au travail le dimanche. Ni le Parti socialiste, la famille rebelle. Ni le MEDEF, le partenaire sournois. Ni Valls lui-même, l'ennemi de l'immobilisme...

Car Delahousse s'est aussi plut à enfermer Valls dans ses contradictions. Exemple : "Qui avait dit, il faut augmenter de deux ou trois heures la durée du travail avec augmentation équivalente du salaire ? Qui avait fait cette proposition ?" demande Delahousse. Et Valls de répondre, confessant sa schizophrénie politique : "Je le connais bien, c'est Manuel Valls..."

Et Delahousse d'enchainer "Il est revenu sur cette décision là, pourquoi ? Parce que aujourd'hui ce n'est plus possible ? Le Premier ministre Manuel Valls ne peut plus faire les choses qu'il avait envisagées de faire ?"

Et Valls, coincé, cerné, emmuré par la dialectique de Delahousse de s'en remettre, encore et toujours, à ses éléments de langage habituels, si usés, si fatigués, si vieillis... "Les 35 heures ont évolué, la droite elle même ne les a pas supprimées"... Mais il est trop tard. Delahousse a marqué son point. Un point parmi tant d'autres.

Et ainsi de suite, jusqu'à la question qui achève : "Vous deviez faire du Valls, et vous faites du Hollande". Destructeur. Surtout quand on ne se révolte pas. C'est pourtant une règle de base de la communication politique, dont on dit que Manuel Valls est l'un des plus beaux produits : ne jamais accepter les prémisses d'une question, décoller les étiquettes que vous colle le contradicteur. Mais Valls ne l'a pas fait. Il a laissé Delahousse le traiter de Hollande.

Cette semaine devait être celle de la séquence reprise en main de l'agenda médiatique par Manuel Valls, histoire de faire d'empêcher Nicolas Sarkozy d'être seul en scène, et à l'arrivée, le Premier ministre a offert un apéro à 80 personnes (en réalité une cinquantaine selon les sources de l'auteur, beaucoup d'invités ne sont pas venus) et a produit une image de lui au 20h de France 2 guère assurée, donc guère rassurante.

Au bout du compte, quand ce Manuel Valls dévitalisé, flapi et émollient prétend qu'il a l'énergie pour demeurer en fonction jusqu'à la prochaine élection présidentielle, en 2017, le téléspectateur s'interroge, qui a eu plutôt le sentiment de contempler un homme fatigué par trois ans d'une vie publique menée sans repos, éreintante et astreignante. Où sont passées l'énergie, la volonté et la détermination ? Qu'est devenu Manuel Valls, le grand communicant ? Pourquoi cette copie télévisée sans âme ni ressort ? 

Le contraste entre le Manuel Valls de décembre, disséqué par Delahousse, et le Manuel Valls d'avril dernier, triomphant chez Aphatie et Elkabbach, est frappant. Il est d'usage de dire que l'exercice du pouvoir use ceux qui passent par Matignon, mais à voir l'actuel Premier ministre on a le sentiment que le processus s'accélère. Sans doute est-ce le résultat, en grande partie, du passage de l'Heure de vérité à l'heure de Twitter, mais pas seulement.

Cet étrange prestation de Manuel Valls au 20h de France 2 permet de comprendre pourquoi tant de rumeurs font état d'un prochain départ de Matignon. L'image ne ment pas qui dit un Valls dépassé par l'époque et les événements, ne parvenant plus à masquer par l'occupation saturante de l'espace médiatique ce qu'il faut bien nommer impuissance.

Il faut mesurer le gouffre qui sépare la célébration du Valls tout puissant du printemps dernier, dont certains disaient qu'il irait jusqu'à dévorer Hollande, et les supputations qui, désormais, encerclent ce même Valls aujourd'hui. Passera-t-il les Cantonales ? Le 14 juillet ? Les Régionales ? 

Accueilli comme la réincarnation de Pompidou, huit mois plus tard, Valls ressemble au fantôme d'Edith Cresson. A le voir sur France 2, gentiment taillé en pièces par Delahousse, "Vous ne faites pas du Valls mais du Hollande", on se disait hier qu'il n'y avait décidément plus que lui pour se soutenir. On pense à Talleyrand : "On ne soutient que ce qui tombe".

Par Bruno Roger-Petit le 08 décembre sur L'OBS

Cette analyse ne nécessite aucun commentaire, il se suffit à lui même sauf peut-être que ....... Valls demeure un type très dangereux, comme Hollande, ces deux hommes, s'ils coulent, entraineront le pays dans leur chute par simple esprit de vengeance !

Le 08 décembre 2014



08/12/2014
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